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Réduction des inégalités et actionnariat salarié

26 Nov. 2021 7 min de lecture

La question des « inégalités » traverse toutes les économies mondiales de la Chine aux Etats-Unis en passant par la France. Ces dernières années, tout un pan de la théorie économique s’est saisi du sujet en avançant l’argument selon lequel les inégalités économiques pouvaient représenter un frein à la croissance notamment via l’instabilité sociale et politique qui se traduirait à minima par la difficulté de mettre en place des politiques économiques et sociales adéquates.

Inégalités et environnement taux bas

L’un des vecteurs de ces inégalités se ferait via l’environnement des taux bas qui prévaut depuis de nombreuses années.
La tendance baissière des taux d’intérêt a été initiée dès les années 80. Les crises successives, dont celles de la bulle technologique de 2000, de la crise financière de 2008 et plus récemment de la Covid, ainsi que l’intervention des banques centrales ont accentué ce mouvement.

Source « Investing.com »

De près de 8% en début de période, le taux français 10 ans évolue autour de 0% depuis 2015 pour s’établir à +0,28% en octobre 2021.
L’environnement de taux bas, ainsi que les politiques accommodantes des banques centrales ont eu un impact direct sur le patrimoine des ménages et soulèvent la question d’un renforcement des inégalités.

Inégalités : Chiffres clés

Un système distributif (social et fiscal) français qui temporise les inégalités

Baisse de l’indice des inégalités « de Gini » de 2,3% entre 2009 et 2019 (Eurostat). L’indice de « Gini » étant un indicateur synthétique du niveau d’inégalité pour une variable et sur une population donnée.

Patrimoine financier des ménages : Un facteur des inégalités

10% des ménages les mieux dotés détiennent 68% du patrimoine financier et 42% du patrimoine immobilier (en 2018) :

Hausse du patrimoine des actifs financiers et notamment risqués de 36% entre 2012 et 2019, contre 16% pour le patrimoine immobilier :

Source CAE Focus, n°061-2021, Juin 2021

Les ménages, pour le plus souvent les mieux dotés, voient leurs actifs financiers se valoriser du fait de l’évolution des marchés.
Par ailleurs, le régime des taux bas incite ces ménages à flécher leur épargne vers les actifs risqués dont les actions, bien plus rémunératrices, ce qui a amplifié le phénomène.

Distorsion entre l’évolution de la part des revenus et du capital et celle des revenus du travail

  • Baisse de la part des revenus du travail de 53,7% en 2004 à 51,4% en 2017
  • Hausse des revenus du capital de 46,3% en 2004 à 48,6% en 2017

Source : OIL (International Labour Organization)

 

L’actionnariat salarié : Un outil de réduction des inégalités

En France, une des pistes de réduction de ces inégalités au niveau du patrimoine financier serait de renforcer la détention du capital des catégories de ménages les moins bien dotés. Pour ce faire, certains économistes tels que Patrick Artus, Alain Minc, Christian de Boissieu, entre autres, plaident pour un renforcement de la part de la détention du capital des entreprises par leur salarié à travers notamment l’Actionnariat Salarié. Les grandes entreprises du CAC 40 sont les plus avancées en la matière au regard des PME françaises.

Un tel dispositif est un outil de partage de valeur entre les entreprises et les salariés, qui au-delà du symbole, représente un véritable levier de réduction des inégalités et de hausse du pouvoir d’achat. Il a également le mérite d’associer les salariés à la gouvernance de leur entreprise et de favoriser le dialogue social.

l’actionnariat salarié, un véritable levier de réduction des inégalités et de hausse du pouvoir d’achat

Pour les entreprises, dont le capital peut être détenu dans une proportion non négligeable par des investisseurs étrangers (fonds de pension par exemple), cela permettrait une plus grande stabilité de la structure de leur actionnariat. On peut citer les entreprises Eiffage et Bouygues dont le capital est détenu par les salariés à hauteur respective de 17,2% (source Eiffage, novembre 2020) et 21,1 % (source Bouygues, juin 2021).

L’actionnariat salarié et plus largement l’Epargne Salariale, via l’intéressement et la participation, plaident en faveur de cette réduction des inégalités et de partage de valeur.
Ils prennent tout leur sens dans un environnement où la hausse des prix de l’énergie et des produits alimentaires ainsi que la crainte de la baisse du pouvoir d’achat traversent la société française.

Ces dispositifs peuvent être compris comme des outils de politiques microéconomiques de réduction des inégalités qui agissent en amont et viennent compléter les politiques macroéconomiques décidées au niveau de l’Etat.

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